RUTH ET ESTHER


RUTH ET ESTHER 

Pour un temps comme celui-ci - Fidélité, espérance et mission au présent


Samedi 14 juin 2025

Semaine 11 : Ruth et Esther

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Tout au long de cette semaine, Ruth et Esther nous ont guidés dans une lecture prophétique du quotidien. Leurs histoires, ancrées dans des contextes de famine, d’exil, de complot ou de vide spirituel, dévoilent un Dieu à l’œuvre non dans le spectaculaire, mais dans la fidélité cachée et les gestes concrets de justice et d’amour. Voici, en quelques lignes, l’essentiel de ce cheminement.


Jour 1 - Ruth et Esther, figures prophétiques de la fidélité en temps de crise

Ruth et Esther, deux femmes issues de contextes marginaux - l’une étrangère moabite, l’autre orpheline juive en exil - deviennent dans l’Écriture des figures prophétiques puissantes, révélant la fidélité de Dieu au cœur des crises. À travers leurs parcours, la Bible souligne une constante divine : Dieu élève les humbles et confond les puissants (1 Samuel 2:7-8).


Ruth, en choisissant de s’attacher au Dieu d’Israël (Ruth 1:16), incarne l’intégration des nations dans l’Alliance. Esther, en s’exposant volontairement pour son peuple (Esther 4:16), anticipe le rôle de l’Église appelée à se tenir debout dans les temps de persécution (Apocalypse 12:11). Leurs histoires révèlent trois dimensions prophétiques majeures : une providence invisible mais souveraine ; un sacrifice rédempteur silencieux ; et l’image d’une Église fidèle et victorieuse dans un monde hostile. Ainsi, en Ruth comme en Esther, se dessine le portrait de croyants appelés à vivre avec discernement et courage « pour un temps comme celui-ci » (Esther 4:14).


Jour 2 - Famine dans “la maison du pain” – Le paradoxe de la providence

Le récit de Ruth s’ouvre sur une famine à Bethléhem, ironiquement nommée « maison du pain » (Ruth 1:1). Ce paradoxe souligne un vide spirituel profond : au temps des Juges, « chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Juges 21:25), et l’infidélité collective entraîne jugement et disette, comme annoncé dans Deutéronome 11:13–17.


Élimélek, dont le nom signifie « Mon Dieu est roi », incarne cette tension : au lieu d’attendre Dieu dans la crise, il fuit vers Moab - une terre païenne - reniant ainsi sa vocation. Mais cette fuite mène à la mort, et laisse Noémi veuve, brisée, amère (Ruth 1:20). Et pourtant, c’est dans ce désert que Dieu prépare une restauration. Bethléhem, lieu de vide, deviendra plus tard le berceau du Pain de vie (Jean 6:51 ; Michée 5:1). Le silence apparent de Dieu n’est pas abandon, mais appel à la fidélité dans l’attente.


Ce récit devient un avertissement prophétique : lorsque l’Église traverse ses propres famines - doctrine desséchée, ferveur refroidie, spiritualité sans vie - la tentation est grande de fuir vers des « Moabs » séduisants, mais stériles. Or, la réponse n’est pas la fuite, mais le retour persévérant vers Bethléhem, vers le Dieu qui, même silencieux, prépare déjà la rédemption.


Jour 3 - Ruth et Boaz : Quand la loi devient grâce

Au lendemain de son retour à Bethléhem, Ruth, étrangère sans ressources, entre dans un champ pour glaner (Ruth 2:3). Par « hasard », elle tombe sur la propriété de Boaz - mais ce hasard est en réalité la trace discrète d’une Providence en action. Avant même d’être reconnu comme tel, Boaz agit déjà en rédempteur. Il voit Ruth, s’enquiert d’elle (Ruth 2:5-6), la protège, lui parle avec bienveillance, et répond à sa fidélité par une bénédiction (Ruth 2:11-12).


Dans la tradition d’Israël, le go’el - proche parent ayant droit de rachat (Lévitique 25:25) - avait pour rôle de restaurer les lignées effacées. Boaz incarne cette loi… mais la dépasse. Il n’agit pas par devoir, mais par amour. Il paie un prix, entre dans une alliance librement choisie. Il devient image du Christ, qui rachète l’humanité non avec de l’or, mais par son propre sang (1 Pierre 1:18-19 ; Philippiens 2:6-7).


Ruth, elle, passe de glaneuse à épouse, de marginale à ancêtre du Messie. Sa vie transformée annonce celle de l’Église, rachetée à un grand prix (1 Corinthiens 6:20) et intégrée à une alliance éternelle (Osée 2:19-20). Le champ de Boaz, lieu ordinaire de labeur, devient sanctuaire de visitation divine (Matthieu 13:38). Ce récit nous enseigne que la grâce ne contourne pas la loi : elle l’accomplit et la transfigure. Et là où nous voyons parfois un simple terrain de survie, Dieu prépare une moisson de rédemption.


Jour 4 - Boaz, figure du Rédempteur – Le conflit cosmique et la victoire de l’amour

Boaz, en rachetant Ruth selon la loi du go’el (Lévitique 25:25), préfigure le Christ, vainqueur de l’accusateur non par contournement de la loi, mais en la satisfaisant pleinement. Lorsqu’il évoque l’existence d’un « parent plus proche » (Ruth 3:12), il ouvre une lecture symbolique : Satan, accusateur légal de l’humanité, prétend à un droit sur les pécheurs (Job 1:6–11 ; Jude 1:9).


Mais Boaz, à l’image de Christ, agit dans la justice et l’amour. Il mène l’acte du rachat à la porte de la ville (Ruth 4:1–10), lieu public de jugement, ce qui évoque le tribunal céleste de Daniel 7, où « le jugement fut en faveur des saints » (v.22). Ce n’est pas un salut secret, mais une victoire publique sur les droits usurpés de l’adversaire. Enfin, l’appel est aussi pour nous : devenir des agents de rédemption dans le monde, portant les fardeaux d’autrui comme nous y exhorte Galates 6:2. Le rachat n’est pas seulement un fait divin à contempler, c’est une vocation à incarner.


Jour 5 - Haman et Satan : L’orgueil, l’adoration et la fidélité dans le conflit cosmique

Haman incarne l’archétype de l’orgueil spirituel, à l’image de Lucifer, qui voulut s’élever au-dessus des étoiles de Dieu (Ésaïe 14:12-14). Son ascension impériale (Esther 3:1) se transforme en haine destructrice lorsqu’il exige l’adoration, et que Mardochée refuse de plier (Esther 3:6). Ce refus devient le symbole prophétique de la fidélité spirituelle face à l’esprit d’usurpation. Mais comme toujours, Dieu intervient au moment exact : « cette nuit-là, le roi ne put dormir » (Esther 6:1). Alors que Haman dressait la potence, le renversement divin s’accomplit. Le peuple fidèle, comme dans Apocalypse 12:17, subit l’attaque du dragon, mais tient bon par sa fidélité, non par la force.


Cette réflexion exhorte à résister aux compromis du quotidien (Romains 12:2), à haïr le mal (Psaume 97:10), et à voir les « petites choses » comme des champs d'entraînement pour les grands combats spirituels. Car c’est là que se forge le caractère du reste fidèle.


Jour 6 - Pour un temps comme celui-ci – Lire la prophétie entre crise, mission et espérance

Le livre d’Esther, où Dieu n’est jamais nommé, offre pourtant un chef-d'œuvre de présence divine cachée (hester panim – Ésaïe 8:17). Tout comme l’Église dans Apocalypse 12:6, Dieu agit dans l’ombre pour nourrir et protéger Son peuple. La prophétie ne vise pas à terrifier, mais à préparer un peuple pour la délivrance et le témoignage.


Un schéma prophétique traverse toute la Bible : Oppression (Exode 3:7-10) → Intercession (Esther 4:16) → Délivrance (Apocalypse 20:9) → Témoignage (Esther 9:28). Ce modèle s’accomplit dans l’histoire, mais aussi dans notre vie quotidienne. Esther, positionnée au palais « pour un temps comme celui-ci » (Esther 4:14), préfigure l’Église appelée à assumer sa mission dans l’urgence prophétique. Chaque croyant est stratégiquement placé - au travail, dans la famille, dans la société - pour être un instrument vivant de l’espérance. Car le silence apparent de Dieu n’est jamais un abandon, mais une souveraineté discrète en marche.


Conclusion

Cette semaine ne nous a pas invités à attendre la crise finale comme on attend un orage dans l’angoisse. Bien au contraire. Nous réalisons qu’aujourd’hui, ce n’est pas l’attaque frontale qui nous guette, mais l’indifférence, l’ennui, la séduction douce d’un monde qui nous endort.  La plus grande perte, ce n’est peut-être pas de mourir pour sa foi, mais de vivre sans elle, de glisser doucement vers le silence, de s’user dans l’attente plutôt que dans l’action.


Car le Christ n’a pas dit : attendez que Je vienne, mais : « Occupez-vous jusqu’à ce que je vienne » (Luc 19:13). Il a confié des talents, des champs, des Ruth à accueillir, des palais à habiter comme Esther, des Boaz à incarner par nos actes de rachat, de miséricorde et de justice. L’appel prophétique ne consiste pas à scruter le ciel dans la peur, mais à incarner aujourd’hui ce royaume qui vient. La fidélité eschatologique commence dans nos bureaux, nos repas, nos décisions discrètes, nos refus de compromis, notre présence active dans la vie des autres. Elle commence par dire : Me voici, Seigneur, même pour un temps comme celui-ci.


À notre génération, à nos enfants, à nos petits-enfants, nous ne disons pas « préparez-vous à la persécution » comme une obsession anxieuse. Nous leur disons : vis le plein Évangile maintenant. Aime. Sers. Résiste. Intercède. Rayonne. Car le Roi règne déjà. Et même si Son retour tarde, nous serons trouvés fidèles, occupés à ce qu’Il nous a confié. Et ce sera assez.


HAPPY SABBATH !

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