RUTH ET BOAZ - Quand la loi devient grâce
RUTH ET BOAZ - Quand la loi devient grâce
Le chemin inattendu de la rédemption
Mardi 10 juin 2025
Semaine 11 : Ruth et Esther
Thème
général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie
biblique.
Texte à méditer : “ Vous
avez été rachetés à un grand prix ” (1 Corinthiens 6:20).
I. L’AMERTUME DE MARA :
L’HISTOIRE D’UNE HUMANITÉ
VIDÉE
Naomi,
brisée par les pertes, revient à Bethléem en déclarant : « Ne m’appelez plus
Naomi ; appelez-moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume » (Ruth
1:20). Elle ne se reconnaît plus dans son nom — « agréable » — et assume une nouvelle identité façonnée par le deuil.
Elle incarne une humanité blessée par le péché, privée d’héritage, vidée de
toute espérance, vivant dans la nostalgie des jours meilleurs.
Comme elle,
nous traversons des réveils brutaux,
ces instants où tout vacille. Et notre prière devient celle de Jésus à
Gethsémané : « Que cette coupe s’éloigne de moi … toutefois, que ta
volonté soit faite » (Luc 22:42). Une prière de soumission dans la nuit.
C’est dans
cette obscurité que Ruth surgit - une amie fidèle, comme le suggère le sens
de son nom. Elle est moabite, étrangère, veuve, marginalisée à plus d’un titre.
Et pourtant, elle choisit librement de suivre Naomi. Sans discours, sans miracle, sans pression : par amour et confiance.
Ce lien silencieux devient le canal d’une providence insoupçonnée. « Elle alla
glaner dans un champ, et il se trouva que c’était une parcelle appartenant à
Boaz » (Ruth 2:3). Ruth incarne ainsi la grâce qui entre discrètement
dans l’histoire : humble, fidèle, active — une grâce qui précède même la
compréhension de celui qui la reçoit.
II. GRÂCE PRÉVENANTE :
LE BIENFAITEUR IGNORÉ QUI AGIT
DÉJÀ
Ce n’est
pas une stratégie humaine qui conduit Ruth vers Boaz. Le texte souligne au
contraire qu’« elle alla glaner dans un champ, et il se trouva que
c’était une parcelle appartenant à Boaz » (Ruth 2:3). Autrement
dit : le hasard apparent cache une Providence à l’œuvre. Dieu, en silence,
orchestre la rencontre.
Avant même
que Ruth ne sache qui il est, Boaz la remarque, s’enquiert d’elle, et agit avec
compassion. Il demande à son serviteur : « À qui est cette jeune femme ? »
(Ruth 2:5) Et le serviteur de répondre : « C’est une jeune femme
moabite, revenue avec Naomi du pays de Moab » (Ruth 2:6). Cette
attention active de Boaz révèle un regard qui
discerne, qui interroge et qui accueille
- une image du regard du Christ sur nous bien avant notre réponse ou
notre conversion.
Boaz parle
ensuite à Ruth avec une bonté surprenante. Il lui assure sécurité, provision,
dignité. Ruth, étonnée, s’incline et demande : « Pourquoi ai-je trouvé grâce
à tes yeux pour que tu t’intéresses à moi, moi qui suis une étrangère ? »
(Ruth 2:10). Et Boaz lui répond : « On m’a rapporté tout ce que
tu as fait pour ta belle-mère... Que l’Éternel te rende ce que tu as fait »
(Ruth 2:11–12).
La
grâce précède la révélation. Boaz agit déjà en
rédempteur avant même d’être reconnu comme tel. Naomi, en entendant le récit de
Ruth, commence à voir au-delà des apparences :
« Cet homme est notre proche parent, l’un de ceux qui ont sur nous droit de
rachat » (Ruth 2:20).
Le voile de la souffrance commence à se lever. Dans la lumière de cette
rencontre, Naomi perçoit une main divine à
l’œuvre dans les détails les plus simples.
III. UNE LOI VOILÉE,
UNE PROMESSE CACHÉE
Dans
l’ancienne loi d’Israël, un principe existait : celui du go’el, le
proche parent qui pouvait racheter l’héritage d’un parent appauvri. Cette loi,
tirée de Lévitique 25:25, était un rempart contre l’effacement des lignées.
Mais dans les faits, elle était souvent négligée. Ruth et Naomi n’avaient
aucune garantie.
Boaz, lui,
ne se contente pas de suivre la lettre de la loi : il l’incarne avec
surabondance. Il est le seul parent disposé à agir comme rédempteur. Le mot
« racheter » revient à plusieurs reprises dans le livre (Ruth 4:4, 7),
signalant une intention centrale : Dieu veut restaurer ce qui est perdu. La loi
n’était pas une fin en soi. Elle pointait vers une promesse plus vaste,
une justice qui dépasse les mécanismes légaux — une grâce incarnée.
Mais dans
les faits, cette loi était souvent négligée,
étouffée par la cupidité et l’indifférence. Les prophètes n’ont
cessé de dénoncer ceux qui refusaient d’exercer la justice envers les veuves et
les étrangers, les assimilant aux idolâtres. Boaz, à l’inverse, incarne une
autre voie : non seulement il applique la loi, mais il la dépasse librement,
par amour.
IV. BOAZ-CHRIST : LE RÉDEMPTEUR
QUI PAIE, CHOISIT ET AIME
Boaz
devient ici figure du Christ. Il choisit Ruth alors qu’elle ne réclame
aucun droit. Il agit librement, paie un prix, entre dans une alliance. Il va
au-delà de l’obligation, par amour.
De même, le Christ « s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de
serviteur » (Philippiens 2:6–7). Il ne rachète pas un champ, mais l’humanité
entière, non avec de l’or ou de l’argent, mais avec Son sang précieux (1 Pi
1:18-19). « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean
3:16), non pour tolérer notre présence dans son Royaume, mais pour nous
épouser dans une alliance éternelle (Osée 2:19–20).
Ruth, dans
sa vulnérabilité, se jette à ses pieds. Elle reconnaît son indignité, son
besoin. Ce geste devient un archétype de la conversion : notre vie trouve
sens et repos quand elle s’abandonne aux pieds du Rédempteur. « Dans la
conversion et le repos est votre salut » (Ésaïe 30:15). Boaz, comme Christ, agit dans l’ombre pour
une œuvre de lumière : Dieu était déjà à l’œuvre dans les coulisses pour
restaurer ce qui semblait perdu.
V. DE GLANEUSE À ÉPOUSE :
VIVRE LA RÉDEMPTION
AUJOURD’HUI
Ruth entre dans l’histoire comme glaneuse, une survivante silencieuse. Elle en sort épouse, héritière, et ancêtre du Messie (Ruth 3:10–11). Son identité est transformée par la rencontre avec le rédempteur. De même, nous ne sommes pas seulement pardonnés : « vous avez été rachetés à un grand prix » (1 Corinthiens 6:20). Notre valeur ne repose pas sur nos origines, mais sur le regard du Christ qui nous aime.
« Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore
des pécheurs, Christ est mort pour nous » (Romains 5:8). Cette
rédemption nous engage. Dans un monde où l’amour se refroidit, où les Ruth sont
nombreuses - étrangères, veuves, marginalisées - nous sommes appelés à imiter
Boaz, en voyant en elles le visage du Christ : « En vérité, je vous le dis,
toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25:40).
Offrir une
poignée d’épis, un mot de dignité, une main tendue : voilà les semences d’une rédemption vécue. «
Revêtez-vous d’entrailles de miséricorde… et par-dessus tout, de l’amour, qui
est le lien de la perfection » (Colossiens 3:12–14). Petits gestes. Grand prix. Destins changés.
VI. LE CHAMP DE BOAZ :
LIEU DE VISITATION DIVINE
Ruth était
entrée dans le champ pour survivre. Elle y a trouvé un avenir. Ce lieu de
travail, banal en apparence, est devenu un sanctuaire de visitation, un
espace où Dieu agit sans tonnerre, sans éclairs - mais avec puissance et
tendresse.
Le champ de
Boaz est devenu le carrefour de la providence, de l’amour et de la promesse.
Et selon les paroles de Jésus : « Le champ, c’est le monde » (Matthieu
13:38). Là où nous ne voyons qu’un espace de survie, Dieu sème une moisson
de grâce.
Aujourd’hui
encore, nos lieux quotidiens peuvent devenir des terres de transformation.
Nos routines, nos relations, nos déserts intérieurs : tout peut être
transfiguré par le regard d’un Rédempteur.
Comme dans
l’Apocalypse, « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21:5).
Mais cette nouveauté ne commence pas à la fin des temps : elle a commencé dans un champ, par une poignée
d’épis et une alliance silencieuse. Et elle
continue aujourd’hui - là où
notre besoin rencontre la grâce à l’œuvre.
Abondantes grâces de la part de
l’Éternel !
❤️❤️❤️❤️
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