PERSÉCUTION DE L’ÉGLISE PRIMITIVE


PERSÉCUTION DE L’ÉGLISE PRIMITIVE 

Archétype prophétique pour l’Église des derniers jours

 

Jeudi 19 juin 2025

Semaine 12 : Les précurseurs

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.

 

Texte à méditer : Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie  (Apocalypse 2:10).

 

1. L’ÉGLISE PRIMITIVE, 

MIROIR PROPHÉTIQUE

Dès les premières pages du Nouveau Testament, la trajectoire de l’Église se dessine sous le signe du rejet et de la tension. Jésus l’avait clairement annoncé : « Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom » (Matthieu 10:22). Il ne s’agissait pas d’une hypothèse, mais d’une réalité structurelle du témoignage chrétien dans le monde. Loin de disparaître avec les apôtres, cette haine se poursuit sous d’autres formes, selon une ligne prophétique déjà tracée dans Daniel : « Je vis cette corne faire la guerre aux saints et l’emporter sur eux » (Daniel 7:21), jusqu’à « user les saints du Très-Haut » (v.25). L’Apocalypse confirme cette continuité : « Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre » (Apocalypse 13:7).


E. White résume ainsi cette dynamique spirituelle et géopolitique : « L’histoire de l’Église primitive témoigne de l’accomplissement des paroles du Sauveur et montre les puissances de la terre et de l’enfer liguées contre Jésus-Christ dans la personne de ses saints » (Tragédie des siècles, p. 33). À la persécution politique de Rome s’ajoute l’hostilité religieuse juive (issue du peuple élu !). C’est ce double front - païen et institutionnel - que l’on retrouve dans les diagnostics adressés par Jean à l’Église primitive (Apocalypse 2–3).


Éphèse, confrontée à de faux docteurs, perd son premier amour ; Pergame tolère le compromis et l’immoralité ; Sardes, en apparence vivante, est morte spirituellement ; Laodicée, persuadée d’avoir atteint la maturité spirituelle, se berce d’illusions ; Thyatire est entraînée dans le péché par un faux prophète. Philadelphie est fidèle mais timide, injustement accusée ; Smyrne est fidèle, subissant tribulations et persécutions. Bien que nous lisions souvent ces lettres de manière prophétique, il faut se souvenir qu’il s’agissait également de sept communautés littérales du temps de Jean, confrontées à des défis bien concrets. La persécution n’est donc qu’un aspect parmi d’autres de l’archétype prophétique que représente l’Église primitive.


Pourquoi alors si peu de persécution visible aujourd’hui ? Paul affirmait pourtant : « Tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés » (2 Timothée 3:12). Plusieurs raisons tiennent : compromis avec le monde, confort spirituel, tiédeur entretenue par Satan comme stratégie d’assoupissement. Quand il n’y a plus de différence, il n’y a plus de conflit. Et pourtant, dans certaines régions du monde, la persécution est bien réelle. Ce temps de calme apparent pourrait n’être qu’une pause avant la tempête annoncée (Apocalypse 13). Et comme au Moyen Âge, où Jean Huss et ses compagnons furent brûlés vifs, seule la mémoire fidèle permet de lire l’histoire comme un avertissement prophétique : ce qui fut, sera. Ce scénario se déploie dramatiquement en Actes 12...


2. ACTES 12 : TROIS VISAGES DE LA FIDÉLITÉ

A. La persécution ciblée : frapper les colonnes de l’Église

« Le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l’Église. Il fit mourir par l’épée Jacques, frère de Jean. Et voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit encore arrêter Pierre » (Actes 12:1–3). Jacques, Pierre et Jean étaient les colonnes de l’Église (Galates 2:9). Hérode ne frappe pas au hasard : il vise les fondements. Cette stratégie est celle de l’adversaire : « Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 Pierre 5:8). L’élimination des leaders fidèles est une stratégie satanique de déstabilisation.


La mère de Jacques avait demandé à Jésus que ses fils siègent à sa droite (Matthieu 20:20–23). Jésus avait répondu : « Vous boirez ma coupe… » Jacques la boit ici, non dans la gloire visible, mais dans la fidélité invisible du martyre. Le triomphe de l’Évangile passe par la croix. Face à cette offensive, Pierre révèle une foi qui défie la logique humaine...

 

B. Le repos au cœur de la tempête : Pierre dort entre deux gardes

« Pierre était gardé dans la prison… la nuit avant que Hérode ne le fasse comparaître… Pierre dormait entre deux soldats » (Actes 12:4–6). Dormir dans de telles conditions relève du paradoxe spirituel. Ce n’est ni inconscience ni désespoir, mais abandon total à Dieu. Comme Jésus dormant dans la barque en pleine tempête (Marc 4:38), comme David : « Je me couche et aussitôt je m’endors » (Psaume 4:9), comme Paul : « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs » (Philippiens 4:7). Pierre devient ici la figure du croyant apaisé par la présence invisible du Maître.

 

Peut-être pensait-il aux trois Hébreux déclarant à Nabuchodonosor : « Même s’il ne nous délivre pas… » (Daniel 3:17–18). Il dort. Polycarpe, qui fut brûlé vif comme témoin du Christ, dormait paisiblement au moment de son arrestation : « Depuis 86 ans je sers le Christ, comment pourrais-je le renier ? »  Mais Dieu répond souvent à nos prières de manière inattendue...

 

C. Miracle et incrédulité : l’Église stupéfaite par sa propre prière exaucée

« Lorsque Pierre frappa à la porte, une servante l'entendit, mais on lui dit : “C’est son ange !” » (Actes 12:12–15). Ils priaient, mais n’osaient pas espérer. L’exaucement les prend au dépourvu. Pierre lui-même ne sait s’il rêve ou vit une vision (Actes 12:11). C’est l’ironie prophétique d’une Église sincère mais incrédule. Jésus avait dit : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et cela vous sera accordé » (Marc 11:24). Quand Dieu répond, l’Église n’est pas toujours prête à l’accueillir.

 

3. « SUIS-MOI » JUSQU’AU MARTYRE : 

LA LOGIQUE DU GRAIN DE BLÉ

Jésus avait averti Pierre : « Quand tu seras vieux, un autre te mènera où tu ne voudrais pas » (Jean 21:18–19). Jean précise : « Il dit cela pour indiquer par quelle mort Pierre glorifierait Dieu ». La délivrance d’Actes 12 n’est pas la fin de l’histoire. Pierre mourra en martyr, mais selon le temps de Dieu. Le même appel demeure : « Suis-moi. » Ce n’est pas un chemin de gloire terrestre que promet le Christ, mais un abandon au plan divin. Comme pour Israël, Dieu ne conduit pas toujours par le chemin le plus court : « Il ne les mena pas par le pays des Philistins… mais par le désert» (Exode 13:17–18). Le détour fait partie de la pédagogie divine.

 

Dans un monde de rejet croissant de l’Évangile, Jésus avertit : « Heureux serez-vous quand on vous persécutera… Réjouissez-vous, car votre récompense est grande dans les cieux » (Matthieu 5:11–12). Ce n’est pas un échec, mais un sceau de fidélité. « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et de la parole de leur témoignage… » (Apocalypse 12:11). Mais cela n’a de sens que si l’amour demeure le cœur du témoignage : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… et ton prochain… » (Matthieu 22:37–39). Sans amour, la doctrine se dessèche (Matthieu 24:12–13).

 

Alors que certains croyants, en Chine ou ailleurs, glorifient Dieu dans la prison, d’autres sont appelés à servir librement. Jacques meurt, Pierre est délivré, mais tous deux honorent le même Christ. L’enjeu n’est pas l’issue, mais la fidélité. Notre génération doit retrouver cette radicalité douce du grain de blé qui meurt pour porter du fruit (Jean 12:24).

 

Conclusion

Comme les saints de tous les âges - de Jacques à Jean Huss, des martyrs chrétiens sous l’Empire romain aux croyants persécutés aujourd’hui - nous sommes appelés à cette même fidélité : « Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange, de l’épreuve de feu qui est au milieu de vous… Réjouissez-vous au contraire… » (1 Pierre 4:12–13). La persécution n’est pas un accident, mais le sceau des témoins de l’Agneau (Apocalypse 12:11). Que notre vie, qu’elle connaisse la délivrance ou le martyre, chante cette certitude : « Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie… ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 8:38-39). Sommes-nous prêts à entrer dans cette lignée - non seulement par nos paroles, mais par la fidélité de nos pas ?

 

La persécution n’est pas un accident ni un malheur : c’est une signature prophétique, un lieu d’engendrement spirituel. L’Église primitive en fut le modèle, et nous sommes appelés à en incarner l’accomplissement. Mais cette fidélité ne se vit pas seulement dans la souffrance spectaculaire : elle commence dans la prière pleine de foi, dans la paix au cœur de l’orage, dans l’humilité de suivre Christ quel qu’en soit le prix.

 

Abondantes grâces de la part de l’Éternel !

 

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