LE JUGE QUI SE LAISSE INTERROGER


LE JUGE QUI SE LAISSE INTERROGER 

De Sodome au Jugement dernier


Jeudi 05 juin 2025/

Semaine 9 : Ceux qui ont péri en jugement

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Le Juge de toute la terre ne fera-t-Il pas justice ? (Genèse 18:25).

 

I. DIEU VISITE : IL PROMET ET AVERTIT

Juste avant la destruction de Sodome, il y a une histoire curieuse qui se déroule dans les plaines de Mamré - Genèse 18:1–16. Le récit s’ouvre sur une visitation céleste : Dieu apparait à Abraham, accompagné de deux anges. Il vient non seulement pour annoncer la naissance d’Isaac, mais aussi pour informer Son serviteur du sort imminent de Sodome. Ces deux annonces - promesse de vie et avertissement de jugement - cohabitent dans une même révélation. La promesse d’Isaac, ancêtre du Messie - « Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité, … c'est-à-dire, à Christ » (Gal 3:16), manifeste que le Dieu Juge est aussi le Rédempteur. La révélation divine ne sépare jamais la grâce de la justice : c’est le même Dieu qui donne un fils et qui juge le péché. La révélation divine unit grâce et justice, promesse de vie et annonce du jugement.


II. ABRAHAM INTERCÈDE : QUAND LE JUSTE QUESTIONNE LE JUGE

Genèse 18:17–32. « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? » Le Dieu tout-puissant se livre à la transparence, fidèle à ce principe fondamental : « Le Seigneur Dieu ne fait rien sans le révéler à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3:7). C’est alors qu’Abraham s’avance et questionne l’Éternel sur la justice de Son projet : « Le Juge de toute la terre ne ferait-Il pas justice ? » (Gen 18:25). Cette phrase bouleversante contient l’une des plus grandes audaces spirituelles de la Bible : l’homme créé ose interroger le Créateur au sujet de Son jugement - et Dieu ne s’en offense pas.


Ce dialogue révèle une justice divine patiente, ouverte à l’intercession, accessible à la raison humaine. L’épisode d’Abraham intercédant en faveur des habitants corrompus de Sodome n’est pas seulement un modèle d’audace spirituelle : c’est un témoignage de ce que produit la présence de l’Esprit de Dieu dans un cœur humain. Bien qu’il fût pleinement conscient de la dépravation morale de ces villes, Abraham ne souhaitait pas leur perte. Sa bienveillance envers les pires pécheurs rappelle que l’amour du prochain n’est pas une option morale, mais un fruit de l’Esprit.


Ce texte questionne notre propre posture : implorons-nous la miséricorde de Dieu pour ceux que nous jugeons perdus ? Quelle espérance, quelle patience avons-nous pour les « malfaisants » ? L’Écriture commande : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien » (Rom 12:21). Le Juge accepte l’intercession ; le croyant est donc appelé à être un intercesseur, pas un accusateur. À l’image d’Abraham, mais aussi de Moïse (Exode 32), qui implora pour Israël en rappelant à Dieu Sa propre gloire, l’intercesseur spirituel porte le nom de Dieu comme fardeau, non comme arme. Il implore au nom de Dieu, avec douleur, fidélité et foi. L’intercession devient un lieu de révélation morale.


Dieu se laisse questionner sans perdre Son autorité. Cette vérité trouve un écho profond dans le sens même des noms liés à la descendance d’Abraham. Israël signifie « celui qui lutte avec Dieu » — nom donné à Jacob après son combat nocturne avec l’ange. Islam, quant à lui, signifie « soumission à Dieu ». Il n’y a pas opposition mais tension féconde : pour se soumettre véritablement à Dieu, il faut d’abord avoir appris à lutter avec Lui - non dans la révolte, mais dans une recherche sincère de justice et de vérité. Car Dieu n’est pas seulement Celui devant qui l’on se prosterne, mais Celui avec qui l’on peut débattre, pleurer, plaider. Et merveille des merveilles : Il écoute.


III. SODOME ET BABYLONE : UN MÊME APPEL URGENT

L’histoire se répète, transposée dans une dimension prophétique. Comme les anges furent envoyés vers Sodome, des messagers célestes proclament aujourd’hui les derniers appels divins : « Craignez Dieu et donnez-Lui gloire… Babylone est tombée… Sortez du milieu d’elle, mon peuple » (Apo. 14:6–12 ; 18:1–4). L’avertissement précède toujours le jugement. Dieu fait toujours précéder le jugement d’un appel clair et prophétique à la repentance.


Sodome est une figure de Babylone. Et comme Lot, le peuple de Dieu est appelé à se séparer du mal avant la destruction : « Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous » (2 Cor. 6:17). Il ne s’agit pas d’un retrait géographique mais d’un choix spirituel radical : refuser de se conformer aux valeurs d’un monde condamné, et se tenir prêt, comme Lot, à quitter la ville à l’aube, même si elle abrite nos habitudes ou nos attachements. Le message prophétique est un appel urgent, non à fuir par peur, mais à répondre à une invitation d’amour et de sainteté.


IV. JUGEMENT INVESTIGATIF : 

DIEU OUVRE SES LIVRES

La justice de Dieu n’est pas un décret aveugle. Elle est transparente, vérifiable, soumise à examen. L’Apocalypse affirme qu’un jour, les livres seront ouverts, et que les rachetés régneront avec le Christ pendant mille ans, ayant accès aux jugements de Dieu (Ap 20:4–6). Le millénium devient ainsi un tribunal d’examen spirituel, où les décisions du Juge seront rendues compréhensibles (Apocalypse 20:4–15).


Nous vivons dans un monde où la justice est souvent pervertie. Les balances penchent du côté de la puissance, de l’orgueil, du favoritisme. Mais Dieu n’agit jamais dans l’ombre. Il se souvient de chaque acte de justice accompli en Son nom. Et au terme du chemin, toutes les balances seront redressées, tous les comptes réglés. « Il jugera le monde avec justice » (Actes 17:31). Il ne laissera aucun dossier ouvert, aucune larme sans explication. La justice divine est vérifiable, transparente, et irréprochable. Dieu n’agit jamais dans l’ombre.


V. CONCLUSION : 

UN JUGE DIGNE DE CONFIANCE

Le Dieu biblique ne se contente pas d’être juste - Il prouve Sa justice. Il ne craint pas l’examen : « Il ne convient pas à Dieu d’agir injustement, ni au Tout-Puissant de violer le droit » (Job 34:23). Et Il va plus loin encore : Il invite l’homme à débattre avec Lui. « Venez et plaidons ! » dit l’Éternel (Ésaïe 1:18). Dans une audace infinie, le Créateur tend la main à Sa créature et accepte d’être interrogé.


Puisque Dieu se laisse scruter, le croyant peut aussi lui demander : « Fais-moi comprendre tes voies » (Ps 143:8). Et l’Écriture l’assure : Il répondra. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce (Hé 4:16), car le Juge est aussi le Sauveur. Celui qui examine nos cœurs est aussi Celui qui les a rachetés. La justice divine n’exclut pas la proximité, elle l’invite. Le Juge est aussi Père, Sauveur, et Ami.


Le récit de Sodome ne révèle pas un Dieu destructeur, mais un Dieu patient, avertissant, dialoguant, se laissant questionner et interroger, avant de juger. Le jugement final ne sera pas une surprise brutale, mais l’aboutissement transparent d’un processus ouvert et saint. Le Dieu qui a parlé à Abraham parle encore aujourd’hui à Ses enfants, et leur confie non seulement des promesses, mais des responsabilités. Car interroger Dieu, c’est aussi recevoir la mission d’en porter l’écho jusqu’à Babylone.

Osons-nous encore intercéder pour ceux que nous jugeons « irrécupérables ? » Ou avons-nous cessé de croire que le Juge pouvait encore sauver ?


Abondantes grâces de la part de l’Éternel !

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