BOAZ, FIGURE DU RÉDEMPTEUR


BOAZ, FIGURE DU RÉDEMPTEUR 

Le conflit cosmique et la victoire de l’amour


Mercredi 11 juin 2025

Semaine 11 : Ruth et Esther

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Le jugement fut en faveur des saints du Très-Haut (Daniel 7:22).


I. UN RÉDEMPTEUR EMPÊCHÉ : 

LA LOI ET L’OMBRE DE L’ACCUSATEUR

Ruth s’approche de Boaz dans l’intimité nocturne d’une aire de battage, mais ce geste audacieux est loin d’un acte romantique inconsidéré. Lorsqu’elle lui dit : « Étends ton aile sur ta servante, car tu as droit de rachat » (Ruth 3:9), elle invoque la loi du lévirat (Deutéronome 25:5–6). Il ne s’agit pas d’un caprice sentimental, mais d’un appel à la justice selon la loi. Ruth réclame ce que la Torah permet, et Boaz, bouleversé, répond avec droiture : « Certes, je suis ton parent, mais il y a un autre qui a le droit de rachat plus que moi » (Ruth 3:12). Ce verset ouvre un abîme. Boaz est prêt à racheter, mais la loi donne priorité à un autre. L’amour seul ne suffit : le rachat doit être légalement valide.


Le parallèle christologique s’impose. Boaz est l’image du Christ, prêt à se lever pour l’humanité brisée ; mais un autre – un « parent plus proche » – revendique des droits antérieurs : Satan, l’accusateur, celui qui réclame les âmes sur la base de la loi du péché. Le conflit cosmique ne commence pas par une querelle de puissance, mais par une bataille juridique. L’amour de Dieu pour l’homme est réel, brûlant, mais il ne peut enfreindre sa propre justice. Ce qui est en jeu ici, c’est la légitimité du rachat. Boaz ne contourne pas la loi, il la satisfait. Il ne se contente pas d’aimer Ruth en silence, il engage un processus légal pour qu’elle soit sienne à juste titre.


La stratégie de Boaz est fine. Lorsqu’il présente l’affaire au parent plus proche, il commence par évoquer l’achat du champ d’Élimélek. L’homme accepte. Mais Boaz ajoute : « Le jour où tu acquerras le champ… tu l’acquerras aussi de Ruth la Moabite … pour relever le nom du défunt dans son héritage» (Ruth 4:5). Subitement, le proche parent recule : « Je ne puis racheter, de peur de compromettre mon héritage » (v.6). Boaz savait ce qu’il faisait. Comme Christ devant la croix, il connaît les règles et il les accomplit. Ce n’est pas un détournement de justice, c’est l’application pleine et entière de la loi par l’amour.


Mais cet amour n’est pas tiède. Il est passion. Le texte laisse deviner un attachement profond : « Tu as montré encore plus d’amour maintenant qu’auparavant » (Ruth 3:10). Boaz n’agit pas mécaniquement. Il aime Ruth. Et pourtant, son amour n’abolit pas la loi : il l’accomplit.


II. LE PARENT PLUS PROCHE ? SATAN ET SES REVENDICATIONS DÉJOUÉES

Le proche parent inconnu dans l’histoire de Ruth devient, en typologie, la figure de l’accusateur. Satan revendique l’humanité avec la même logique : un droit de priorité sur des êtres déchus. Dans Job 1:6–11, il se présente devant Dieu avec arrogance, affirmant qu’il parcourt la terre comme son domaine. Il attaque Job non frontalement, mais en insinuant que la fidélité de l’homme est achetée : « Est-ce pour rien que Job craint Dieu ? » (v.9). Derrière l’accusation, il y a une prétention de propriété : les hommes sont à lui parce qu’ils sont faillibles, pécheurs, corruptibles.


Dans Jude 1:9, la scène est plus saisissante encore : « l'archange Michel contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse … » Satan ose contester la résurrection de Moïse. Le conflit ne s’arrête pas à la vie ; il s’étend à la mort elle-même. Il proteste devant Christ venu délivrer Moïse de la tombe : « Le serviteur de Dieu est mon prisonnier ! » (E. White, Patriarches et Prophètes, p. 438). Il évoque la transgression de Moïse comme preuve que la grâce n’a pas lieu d’être. Mais Christ ne débat pas. Il agit. Moïse est ressuscité, et on le retrouve, vivant, aux côtés de Jésus sur la montagne de la transfiguration (Matthieu 17:3).


Comme Boaz, Christ ne répond pas par des paroles, mais par un acte irréversible : le rachat effectif, légitime, victorieux.


Naomi, figure maternelle et brisée, incarne cette humanité sous domination, qui dit : « Ne m’appelez plus Naomi, appelez-moi Mara, car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume » (Ruth 1:20). Mais Dieu transforme l’amertume en joie. Ce n’est pas une histoire de destin, mais de rédemption. Le cycle du mal est brisé. Ruth, étrangère, stérile, pauvre, devient l’ancêtre du Messie.


Et nous ? Nous sommes appelés à devenir des goëls spirituels. « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ » (Galates 6:2). Le Bon Samaritain n’a pas revendiqué un droit, il a exercé un devoir d’amour. Jésus nous dit : « Va, et toi, fais de même » (Luc 10:37).


III. À LA PORTE DE BETHLÉEM : 

RACHAT PUBLIC, JUSTICE CÉLESTE

Tout se joue « à la porte de la ville » (Ruth 4:1), ce lieu où se rendaient les jugements, où se prenaient les décisions officielles. Ce qui aurait pu rester une affaire privée devient une scène de justice publique. Boaz convoque dix anciens, et devant eux, il déclare : « Vous êtes témoins aujourd’hui que j’ai acquis… tout ce qui appartenait à Élimélek… et aussi Ruth la Moabite » (v.9–10). Puis a lieu le rituel : un homme ôte sa sandale et la remet à l’autre (v.8). C’est le signe que le droit de propriété a changé de main.


Ce rachat visible annonce une autre scène de jugement : celle de Daniel 7, où le Fils de l’homme vient devant l’Ancien des jours. Les livres sont ouverts. Le tribunal siège. Et il est dit : « Le jugement fut en faveur des saints du Très-Haut » (v.22). Pourquoi ? Parce que le Christ a plaidé pour eux. Il a ôté la sandale à l’accusateur.


Boaz ne cherche pas la gloire. Il agit avec droiture. Et ce geste humble inscrit une étrangère dans l’histoire du salut. Nos petits actes, lorsqu’ils sont conformes à la justice divine, ont une portée éternelle. Ne sous-estimons pas les décisions prises « à la porte » - là où Dieu nous a placés.


IV. CONCLUSION : 

LE JUGEMENT EN NOTRE FAVEUR

Le jugement céleste n’est pas une condamnation suspendue sur nos têtes. C’est un acte public de justification. Le tribunal siège, non pour accabler, mais pour affirmer que « le prix a été payé. » Apocalypse 12:11 déclare : « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage. » Le sang a été versé. La sandale a changé de pied. Et l’héritage est nôtre.


Ruth entre dans la lignée de David (Ruth 4:17), et par lui dans celle du Messie. Ce n’est pas un petit-fils ordinaire. C’est l’ancêtre du Roi éternel. L’histoire de deux femmes veuves, brisées, invisibles, devient le canal de la promesse divine.


Nous aussi, nous sommes appelés à vivre ce retournement. Rachetés publiquement, justifiés légalement, aimés éternellement. Mais aussi appelés à devenir des agents du rachat dans ce monde de souffrance.


Boaz nous montre que le rachat exige à la fois amour et justice. Le Christ n’a pas simplement éprouvé de la compassion pour l’humanité : Il s’est présenté à la porte, Il a plaidé devant les anciens de l’univers, Il a payé le prix, et Il a pris Ruth pour épouse. Ce n’est pas une belle histoire seulement : c’est la structure même du salut. Et nous, rachetés par grâce, sommes appelés à devenir des goëls pour ceux que le monde a oubliés.


Puissions-nous être un instrument actif de justice et de miséricorde dans le grand conflit entre l’accusateur et le Rédempteur !


Puisse cette journée rayonner de la présence de l’Éternel à vos côtés !

Commentaires

  1. Très intéressantes et très enrichissantes les études de cette semaine. À chaque lecture je me mettais à la fois dans la peau du narrateur et des personnages.
    J'ai parfois le cœur serré.
    J'ignore pourquoi.
    Mais après avoir lu, je redevenais moi même et je me sens inutile et très éloignée de Dieu. Bref un peu triste 😔😔

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