LA SIGNIFICATION PROFONDE DU SACRIFICE
LA SIGNIFICATION PROFONDE DU SACRIFICE
Lundi 05 mai 2025
Semaine 6 : Comprendre les sacrifices
Thème
général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie
biblique.
Texte à méditer : “L’Éternel
trouve-t-il autant de plaisir dans les holocaustes et les sacrifices que dans
l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les
sacrifices, et l’écoute vaut mieux que la graisse des béliers” (1 Samuel 15:22).
Il est
souvent éclairant de confronter deux réalités opposées. La compréhension du sacrifice,
dans la perspective biblique, s’approfondit notamment lorsque l’on s’arrête sur
les moments où Dieu rejette les offrandes de Son peuple. Ces
rejets ne sont jamais arbitraires : ils révèlent une rupture grave, non dans le
rite lui-même, mais dans la relation entre Dieu et l’homme - une fracture entre le geste religieux et la disposition
véritable du cœur.
Ce drame
spirituel, illustré dans le livre d’Ésaïe, n’est pas sans précédent. Dès les
premiers chapitres de la Genèse, une scène fondatrice oppose les sacrifices de
deux frères : celui d’Abel, agréé par Dieu, et celui de Caïn, rejeté. Cette
tension ancienne nous invite à réfléchir à ce
qui fait la différence entre un sacrifice accepté et un sacrifice vain (Voir Genèse 4:3-7 et Hébreux 11:4.).
I. LE REJET DES SACRIFICES - ÉSAÏE 1:2-15
Dans Ésaïe
1, Dieu dénonce l’hypocrisie du peuple d’Israël. Bien qu’ils accomplissent
fidèlement les rituels – sabbats, fêtes, offrandes – leurs cœurs sont loin
de Lui. Il affirme qu’Il ne prend aucun plaisir à leurs sacrifices : « Vos
nouvelles lunes et vos fêtes, mon âme les hait… Quand
vous étendez vos mains, je détourne mes yeux… Vos mains sont pleines de sang » (Ésaïe 1:13-15).
Le
problème est spirituel et moral : ils vivent dans
l’injustice, la rébellion, l’indifférence. Leurs sacrifices sont ancrés dans
l’égoïsme, et non dans une attitude de soumission et de reddition à Dieu. Leur
culte est un effort
minimal pour apaiser Dieu, tout en continuant à vivre selon leur
propre vision du monde.
Le
paradoxe du sacrifice : symbole ou simulacre ? Si ces offrandes déplaisent à Dieu, pourquoi les avoir instituées ? Car
le sacrifice n’était jamais une fin en soi, mais un signe : « Le salaire du péché, c’est la mort. » Pourtant,
ils ont réduit ce rite sacré à une formalité creuse, vidée de toute
contrition. Ils immolaient des bêtes sans saisir l’avertissement solennel que
ces gestes représentaient.
Où
donc est la justice divine ? Elle se manifeste
dans l’invasion étrangère, dans la désolation du pays. Mais ce n’est point une
rétribution méticuleuse pour chaque faute. C’est le
fruit amer d’un peuple qui a prostitué sa vocation (Ésaïe 1:7).
Et
la mort de l’innocent ? Elle devait être
un miroir : « Voyez le prix du péché. » Un rappel
prophétique qu’un jour, ce ne serait plus une bête, mais l’Agneau
véritable qui porterait le châtiment. Mais ils n’ont pas compris.
Alors Dieu déclare : « Assez ! Vos
sacrifices Me sont en horreur. Revenez à Moi, ou périssez. »
II. LE SACRIFICE ACCEPTABLE - ÉSAÏE 56:6-7 et PSAUME
51:17
En revanche,
Dieu affirme dans Ésaïe 56 qu’il accueille ceux
qui s’attachent à Lui, qui aiment Son nom et gardent Son alliance. «
Je les amènerai sur ma montagne sainte ... Leurs
holocaustes et leurs sacrifices seront agréés » (Ésaïe 56:7).
L’on se
surprend à interroger l’usage du mot « sacrifice
», en particulier l’association fréquente entre l’effusion de sang et
l’expiation du péché. Des termes comme « don » ou « offrande
» paraissent plus appropriés pour désigner ce qui se joue réellement : un acte de profonde humilité, d’abandon confiant et de
repentir – un geste de soumission qui magnifie Dieu comme Souverain
suprême (Osée 6:6 ; Luc 22:42).
David
exprime cette vérité dans le Psaume 51:17, « les
sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé – un cœur brisé et
contrit. » Pourquoi alors cette insistance marquée, dans tant de
traditions chrétiennes, sur le sang versé comme moyen de rédemption ? Pourquoi
Dieu accepte-t-il une offrande et en rejette-t-il une autre ? Est-ce vraiment
parce qu’Il exigerait le sang pour être honoré et aimé ?
L’Écriture
nous rappelle que Dieu ne regarde pas à l’apparence, mais au cœur (1 Samuel
16:7). Ne pourrait-on pas en déduire que la véritable mesure d’une
offrande agréée réside dans l’esprit avec lequel elle est présentée
– un cœur sensible, rempli d’amour et de dévotion – plutôt qu’un geste mû par
l’obligation ou la conformité rituelle ? Jérémie 17:10, 1 Chroniques 28:9,
Matthieu 23:25–26, Romains 8:27–29 – pointent vers un Dieu qui sonde les cœurs
et discerne les intentions profondes derrière chaque acte.
Dieu a
agréé l’offrande que Jésus a faite de lui-même non parce qu’il réclamait le
sang, mais parce que l’effusion de ce sang révélait la profondeur de son amour.
Ce n’est pas Dieu qui a exigé le sang – c’est Lui qui l’a offert.
III. L’EXEMPLE DE CAÏN ET ABEL (GENÈSE 4:3-7 ; HÉBREUX
11:4)
À l’époque
de Caïn et Abel, deux offrandes sont présentées. Caïn, cultivateur, apporte du
fruit de la terre. Abel, berger, offre les premiers-nés de son troupeau. Le
texte dit : « L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son
offrande, mais pas sur Caïn et sur son offrande » (Genèse 4:4-5). Cela
signifie que Dieu a d’abord regardé la personne, puis l’offrande.
Le rejet ou l’acceptation dépend donc d’abord de la disposition spirituelle
de celui qui offre.
Abel
n’offre pas simplement un agneau ; il offre ce
que Dieu avait demandé, en
conformité avec l’attente divine. Il comprend le sens prophétique du sacrifice
: l’annonce de l’Agneau messianique promis en Genèse 3:15. Son sacrifice est un
acte de foi (Hébreux 11:4). Tandis que Caïn, lui, offre selon sa propre
logique, avec une attitude d’autonomie. Il agit selon ce qui lui semble
bon, sans foi ni obéissance.
Notre
salut ne repose pas sur nos œuvres, ni sur des
rituels, mais uniquement sur le sang de Jésus, versé pour nous. Le même
contraste apparaît entre les vêtements humains
et les vêtements de Dieu (Genèse
3:7 et 3:21). Tandis qu’Adam et Ève utilisèrent des feuilles pour se couvrir,
Dieu leur confectionna des habits en peau d’animal – ce qui impliquait déjà un
sacrifice.
C’est le
même esprit qui anime les royaumes de ce monde : l’esprit d’autosuffisance.
Caïn voulait vivre comme il le souhaitait et rendre un culte à Dieu selon ses
propres termes. On peut supposer qu’il voyait Dieu comme une gêne, un obstacle à la libre conduite de sa vie,
mais qu’il craignait juste assez Dieu pour accomplir les rituels.
En résumé, le
passage d’Ésaïe
1:10–17 affirme clairement que la
liturgie, si elle est privée d’amour véritable et d’actes concrets de justice,
devient vide et vaine. L’apôtre Paul, écrivant à Timothée à propos
des derniers temps – et, par extension, à nous aujourd’hui – exprime une mise en garde semblable :
« Sache-le, Timothée : dans les derniers jours, il sera difficile d’être chrétien. Les hommes
seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, arrogants, blasphémateurs,
rebelles à leurs parents, ingrats, impies. Ils seront insensibles, sans
loyauté, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien. Ils
trahiront, seront emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu. Ils garderont les apparences de la piété, mais renieront
ce qui en fait la force.
Éloigne-toi de ces gens-là » (2 Timothée 3:1–5, BFC).
Enfin, l’absence de la
bonne connexion religieuse chez Caïn atteint son sommet dans le meurtre. S’étant coupé
de Dieu, il se coupe aussi de son frère. Le péché contre Dieu engendre le péché
contre l’autre. Dieu perçoit cette corrélation entre le religieux et l’éthique lorsqu’il
avertit Caïn : « Si tu agis bien, tu relèveras ton visage… » (Genèse
4:7). Le verbe teytib (« agir bien ») a une forte connotation éthique.
Jérémie l’utilisera pour parler des relations entre l’homme et son prochain
(Jérémie 7:5).
Dieu nous
invite à offrir non ce que nous avons, mais ce que nous sommes. Il ne regarde
pas nos sacrifices en premier, mais notre cœur.
Prière
Seigneur,
garde-moi d’un culte formaliste et de la routine religieuse. Donne-moi un cœur
brisé et repentant. Rappelle-moi chaque jour que mon salut ne vient que de
Jésus-Christ. Donne-moi de vivre une foi sincère, humble, dépendante, fidèle.
Amen.
Puisse cette journée
rayonner de la présence de l’Éternel à vos côtés !
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