DU VIN ET DU SANG


DU VIN ET DU SANG :

LE JUGE QUI RENVERSE LES TRÔNES ET SCELLE L’ALLIANCE


Jeudi 29 mai 2025

Semaine 9 : Dans les Psaumes : 2ème partie

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Les fondements de la terre chancellent – mais Moi, Je consolide ses piliers (Psaume 75:3, adapté).


Introduction : 

Un monde en convulsion, un Dieu qui juge

Les fondations morales du monde s'effondrent sous nos yeux. La confusion identitaire, les injustices systémiques, la brutalité déguisée en progrès… Tout vacille. La science ne guérit pas l’âme. Les démocraties chancellent. Les promesses de progrès accouchent de nouvelles violences. Mais dans ce chaos, le Psaume 75 élève une parole tranchante : Dieu juge. Il n’est ni passif ni aveugle. Il est Juge et Roi, Celui qui ébranle et qui élève. Et pour accomplir son œuvre, Il tend une coupe : du vin ou du sang. Il abat les cornes des arrogants et relève celles des justes.


Comment Dieu répond-Il à notre époque à travers ces trois images - le vin, le sang et les cornes ? La réponse n’est ni symbolique ni abstraite. Elle est déjà à l’œuvre, et elle s’accomplira pleinement. Elle commence par un jugement.


I. TROIS SYMBOLES, 

UN MÊME JUGEMENT (Psaume 75)

A. Tremblement de terre : Dieu ébranle les fausses sécurités

« Quand la terre tremble, avec tous ses habitants, c’est moi qui affermis ses colonnes. » (v. 3)

Dieu commence son jugement par un tremblement. Il ne balaie pas d’abord les tyrans, mais les fausses sécurités. Nos piliers – science, argent, géopolitique, droit humain – vacillent. Les idoles modernes s’effondrent. Ce bouleversement est déjà à l’œuvre. L’Apocalypse décrit la même scène : la terre craque, les montagnes s'effondrent, les villes tombent (Apoc 16:18–20). Ce n’est pas seulement un séisme géologique, c’est un effondrement théologique : Dieu arrache les faux fondements pour rétablir les siens.


B. Coupe de vin : Colère pour les impies, alliance pour les rachetés

« Car il y a dans la main de l’Éternel une coupe ... Il en verse : tous les méchants de la terre la boivent jusqu’à la lie. » (v. 8)

La coupe est un symbole central. Dans l’Apocalypse (14:10), elle contient le vin pur de la colère de Dieu : elle est destinée à ceux qui adorent la bête, c’est-à-dire à tous ceux qui refusent la souveraineté divine. Mais dans l’Évangile (Matthieu 26:28), une autre coupe est tendue : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance. » C’est la coupe que Jésus a bue jusqu’à la lie pour nous épargner la nôtre (Jean 12:31).


Deux coupes. Deux verdicts. Deux destins.

Nietzsche, icône du moi divinisé, a bu la coupe de l’orgueil jusqu’à la folie. Son cri final fut un effondrement. Mais les saints boivent la coupe du renoncement : celle de la foi, du pardon, du sang versé. L’histoire se joue entre ces deux calices (coupes).


C. Cornes brisées : le pouvoir humain pulvérisé

« J’abattrai toutes les cornes des méchants, et la corne du juste s’élèvera. » (v. 10)

La corne (qeren) est un symbole biblique fort : pouvoir royal, force militaire, dignité spirituelle. Dieu y touche sans hésiter. Il brise les cornes des impies — celles des empires, des multinationales, des propagandes qui s’élèvent contre Lui. L’Apocalypse les appelle "les cornes de la Bête" (Apoc 13:1). Mais Il exalte les cornes des justes : celle de David (Ps 132:17), celle du salut (Luc 1:69), celle de l’agneau qui règne. Le message du psalmiste est clair : il annonce la destruction des puissances arrogantes de ce monde.


Certaines versions modernes, comme la Bible en français courant ou la Nouvelle Français Courant, traduisent le mot hébreu qeren par « pouvoir » ou « autorité », là où des versions plus littérales comme la Louis Segond ou la TOB conservent le mot « corne ». Cette différence n’est pas anodine : la corne évoque, dans la symbolique biblique, la puissance incarnée et le conflit des royaumes, comme dans Daniel 7 ou Apocalypse 13. Supprimer ce mot, c’est atténuer la charge prophétique du Psaume 75.


II. DU PASSÉ À L’ÉTERNITÉ :

LE JUGEMENT EN MARCHE

A. Sennachérib : La préfiguration du Juge (2 Rois 19 // Psaume 75).

Selon plusieurs exégètes, le Psaume 75 aurait été chanté à la suite de la défaite miraculeuse de Sennachérib, lorsque Jérusalem fut encerclée par l’armée assyrienne. Tout semblait perdu. Mais sans que le peuple ait à combattre, l’ange de l’Éternel frappa l’ennemi. Le renversement de la situation fut total, inattendu, divinement orchestré. Le Psaume chante alors un Dieu qui juge avec équité, qui abaisse les cornes des impies et exalte celles des justes (v. 7–10). Cette intervention historique préfigure un jugement eschatologique : lorsque les saints seront de nouveau assiégés (Apocalypse 20:9), Dieu n’interviendra plus pour repousser, mais pour anéantir. Le modèle se répète, la justice s’accomplit.


B. Deux coupes, deux destins : Apocalypse 14–21

« Ils boiront le vin de la colère de Dieu » (Apoc 14:10) ; « Ils se reposent de leurs œuvres » (Apoc 14:13).

Le Psaume 75 annonçait déjà cette division radicale : une coupe pleine de vin fort est tendue à ceux qui défient Dieu (v. 8), et les justes sont élevés (v. 10). Cette image est reprise, amplifiée et accomplie dans l’Apocalypse. La justice de Dieu n’ajuste pas les systèmes, elle les renverse. La nouvelle création ne sera pas bâtie sur l’ancien monde. Le jugement final ne consiste pas en une réforme éthique ou sociale ; il est un renversement global, une destruction des systèmes iniques, suivie d’une recréation surnaturelle. La justice de Dieu ne répare pas l’ancien monde - elle le remplace : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apoc 21:5).


III. VIVRE EN SENTINELLES DU ROYAUME

A. Dénoncer sans désespérer

L’injustice a ses noms : colonialisme, racisme, tribalisme, corruption, violence systémique, conflits étouffés. Le croyant ne ferme pas les yeux. Il dénonce. Mais il ne désespère pas. Car la coupe de Dieu se remplit. Et au temps fixé, Il jugera avec droiture (Ps 75:3).


B. Travailler avec humilité

Dans le monde du travail, nous pensons souvent que l’élévation vient des chefs, des réseaux ou de l’image. Mais c’est Dieu qui abaisse et qui élève (Ps 75:7). Celui qui s’humilie sera élevé. Les promotions humaines sont temporaires ; l’approbation divine est éternelle.


C. Résister au nihilisme

Nietzsche affirmait que Dieu est mort. Mais c’est le Dieu de Nietzsche qui meurt dans chaque crise du monde. La Croix répond à son vide par une justice vivante, personnelle, souveraine. Le chrétien n’est pas relativiste. Il tient ferme une espérance inébranlable : le monde a un Juge, un Roi, un Agneau.


CONCLUSION : ENTRE DEUX COUPES

Deux coupes sont tendues à l’humanité : la coupe de la colère, pleine, inexorable ; la coupe de l’alliance offerte, sanglante, rédemptrice. L’histoire tremble entre la coupe de la colère et celle de l’alliance.


L’Église, debout, crie : « Maranatha ! » Nous sommes ambassadeurs de Christ (2 Corinthiens 5:20), porteurs d’une bonne nouvelle dans un monde ivre de mensonge. Et nous crions avec l’Esprit et l’Épouse : « Viens, Seigneur Jésus ! » (Apocalypse 22:20).


Abondantes grâces de la part de l’Éternel !

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