DIEU, NOTRE REFUGE EN TEMPS DE DÉTRESSE : ENTRE CHAOS ET ESPÉRANCE


DIEU, NOTRE REFUGE EN TEMPS DE DÉTRESSE : 

ENTRE CHAOS ET ESPÉRANCE 


Lundi 26 mai 2025

Semaine 9 : Dans les Psaumes : 2ème partie

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Arrêtez, et sachez que je suis Dieu. Je domine sur les nations, je domine sur la terre (Psaume 46:10).


1. QUAND TOUT VACILLE

Il y a des textes qui ne s’adressent pas d’abord à notre intelligence, mais à nos entrailles. Le Psaume 46 est de ceux-là. Il jaillit du cœur d’un peuple confronté à l’effondrement. Son premier verset est une proclamation - ou peut-être un cri : « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse ». Aucun préambule, aucune justification. Le psalmiste n’explique pas, il affirme. Et ce qu’il affirme vient d’une expérience collective de survie : quand tout vacille, Dieu demeure.


Ce psaume est attribué aux fils de Koré, les chantres du sanctuaire, les lévites qui faisaient retentir les harpes et les cymbales dans le temple de Jérusalem (1 Chr 6:16, 22). Leur voix est celle de la prière liturgique au cœur de la crise. Il est donc naturel que le sanctuaire soit évoqué : « Il est un fleuve dont les courants réjouissent la cité de Dieu, le sanctuaire des demeures du Très-Haut » (Ps 46:4). Mais ce fleuve ne coule pas d’abord dans un paysage géographique : il irrigue une cité spirituelle, symbole de la présence divine au sein même du tumulte. Il s’agit ici d’un psaume cosmique et liturgique — une parole chantée face à l’effondrement.


Car le monde décrit par ce texte n’a rien de paisible. La terre est bouleversée. Les montagnes sont projetées dans les mers. Les eaux mugissent. Les peuples s’agitent. Tout ce qui semblait stable s’effondre. Ce chaos évoque à la fois les catastrophes naturelles et les troubles politiques, les séismes géophysiques et les secousses morales. Impossible de ne pas penser à nos propres tremblements : guerres sans fin, réchauffement global, solitudes qui s’épaississent, institutions qui chancellent, familles désarticulées.


Ou encore à ces cataclysmes plus intimes, comme : « défendre les intérêts d’un parent dans un système de soins déshumanisé … vivre dans un état d’alerte permanent, comme si un prédateur rôdait sans cesse. » Oui, il y a des moments où tout se dérobe : les repères sociaux, les liens familiaux, les ressources émotionnelles. Dans ces moments-là, les psaumes ne sont plus des textes à étudier, mais des abris à habiter. Ce psaume, en particulier, devient un refuge spirituel offert à quiconque traverse le chaos.


2. LE DOUBLE PÉRIL : COSMOS EN CONVULSION ET NATIONS EN RÉVOLTE

Le Psaume 46 nous entraîne dans une vision à la fois terrestre et cosmique du chaos. Les montagnes qui s'écroulent, les eaux qui mugissent, les nations qui s'agitent : tout vacille. Les cataclysmes naturels s'accompagnent de bouleversements politiques et sociaux. Cette double détresse - naturelle et humaine - reflète le combat final du grand conflit biblique : « Les nations s'agitent, les royaumes s'écroulent » (Ps 46:6). En annonçant l’écroulement des royaumes, ce Psaume s’inscrit dans la grande ligne prophétique du conflit final : « Le roi du Nord dressera ses pavillons entre la mer et la glorieuse montagne sainte… » (Daniel 11:45), tandis que les rois de la terre seront rassemblés pour la bataille d’Harmaguédon (Apocalypse 16:16).


Ce tumulte fait écho aux scènes eschatologiques de l'Apocalypse : « Le ciel se retira comme un livre qu'on roule, et toutes les montagnes et les îles furent déplacées de leurs lieux » (Ap 6:14). Ce bouleversement cosmique fait aussi écho à l’appel pressant de l’apôtre Pierre : « Attendez et hâtez la venue du jour de Dieu, jour où le ciel enflammé se désagrégera et où les éléments embrasés se fondront » (2 Pierre 3:12). » La voix prophétique ne cherche pas à rassurer par des demi-vérités : elle nomme la vérité brutale. Mais elle la fait face à un Dieu qui demeure.


Nos détresses modernes s'inscrivent dans cette logique : crises systémiques, désastres climatiques, maladies, isolements, effondrement des certitudes. Et trop souvent, nous cherchons refuge dans ce qui nous anesthésie : activisme religieux, performances sociales, substances, hyper-contrôle. Autant de forteresses illusoires. Pourtant, au sein de cette double tempête, le peuple de Dieu proclame : « Nous ne craindrons point » (Ps 46:2). Une parole de foi, non d'aveuglement. Une résistance intérieure face au déferlement extérieur.


3. LA DOUBLE RÉPONSE DIVINE : 

REFUGE ET RIVIÈRE

Dieu ne se contente pas d'être un spectateur du chaos. Il est « au milieu » de la ville, présent, actif, vivant (Ps 46:5). Il est appelé « refuge et force », comme une forteresse imprenable mais habitée.


Mais il y a plus : une rivière. Un courant de vie qui traverse la cité de Dieu, image de l'Éden originel (Gen 2:10), et préfiguration de la Nouvelle Jérusalem (Ap 22:1). C'est la douce contre-image du chaos aquatique : l'eau de la paix contre les eaux du tumulte.


Cette double réponse trouve son accomplissement en Christ. Il est la rivière de vie. Il est le refuge incarné. Il nous appelle : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos » (Mt 11:28). Lui-même s'abandonne au refuge de la volonté du Père à Gethsémané : « Non pas ma volonté, mais la tienne » (Luc 22:42). Il vit ce psaume à la première personne.


4. L'ORDRE DIVIN : "ARRÊTEZ, ET SACHEZ QUE JE SUIS DIEU"

Au milieu du tumulte, une parole tombe comme un couperet sacré : « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu » (Ps 46:10). Cette injonction ne demande pas seulement de cesser le bruit. Elle invite au renoncement. Elle appelle à déposer les armes, à fermer la bouche, à ne plus chercher à se sauver soi-même. Dieu est plus grand que notre activisme.


Le psaume contient ce mot que les commentateurs bibliques ne savent pas toujours traduire : Sélah. Pause, soupir, silence. Un espace théologique où Dieu parle après que l'homme s’est tu. Le véritable refuge commence dans l'abandon.


Et cet abandon trouve son sommet dans la croix. La croix n'est pas une fuite hors du monde : elle est la preuve que Dieu est présent jusque dans notre agonie. Le Christ y devient refuge pour les forts comme pour les brisés. Il est le soutien du roseau froissé, comme le prophète l’avait annoncé : « Il ne brisera pas le roseau cassé, et il n’éteindra pas la mèche qui fume encore » (Ésaïe 42:3) - le silence du juste accablé. Mais ce refuge ne se garde pas pour soi. La question surgit : Comment passer du refuge reçu au refuge transmis ?


5. MISSION : DEVENIR UN REFUGE POUR AUTRUI

Dire « Dieu est notre refuge » n'a de sens que si cette vérité devient tangible. Non par des discours, mais par une présence. Le monde ne connaît Dieu que par les visages qui l'incarnent.

Luther, en des temps de persécution, composa : « C'est un rempart que notre Dieu ». Ce chant était une forteresse spirituelle pour un peuple menacé. Aujourd'hui encore, chanter est une manière de résister. Mais au-delà des cantiques, il s'agit de vivre la vérité qu'ils proclament.


Dans un monde cynique ou effrayé, notre mission est double : lucide sur le mal, mais fidèle à l'amour. Il ne s'agit pas de choisir entre dénonciation et compassion. Il faut les tenir ensemble. Refuser les illusions sans renoncer à l'espérance.


Aimer comme Dieu. Soutenir les faibles. Offrir notre paix, notre foi, notre disponibilité comme autant de lieux-refuges. Devenir, en Christ, un abri spirituel pour ceux qui tombent.


CONCLUSION : DIEU EST AVEC NOUS

Le psaume se termine par cette promesse : « L'Éternel des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est pour nous une haute retraite » (Ps 46:11).

Le chaos est réel. Mais la présence de Dieu l'est encore plus. Le refuge que Dieu nous propose n'est pas théorique : il est vivant, incarné, durable. Il est notre paix.

Mais ce refuge est aussi un point de départ : de la foi intérieure à la mission extérieure. Connaître Dieu. S'en remettre à Lui. Persévérer jusqu'à ce que la cité de Dieu devienne réalité visible (Hé 10:36).


Dieu est avec nous. Sélah.


Puisse cette journée rayonner de la présence de l’Éternel à vos côtés !

 

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