SERVIR OU DOMINER : UNE LECTURE PROPHÉTIQUE DU POUVOIR ET DU CŒUR HUMAIN
SERVIR OU DOMINER :
UNE LECTURE PROPHÉTIQUE DU POUVOIR ET DU CŒUR HUMAIN
Jeudi 24 avril 2025
Semaine 4 : Les nations : 1ère partie
Thème
général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie
biblique.
Texte à méditer :
“Les chefs des
nations les dominent… Il n’en sera pas ainsi parmi vous. Mais quiconque veut
être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur… Car le Fils de l’homme est
venu, non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour
beaucoup” (Matthieu 20:25–28).
I. UNE REQUÊTE RÉVÉLATRICE : L’ambition humaine au
seuil du Royaume
Le dialogue
s’ouvre sur une scène poignante : la mère de Jacques et Jean s’approche
respectueusement de Jésus. Animée d’un amour sincère mais aveuglé, elle Lui adresse
une requête troublante : que ses deux fils soient établis à la droite et à
la gauche du Christ dans Son royaume (Matthieu 20:20–21). Ce qu’elle demande
n’est pas simplement une faveur — c’est une
vision erronée du Royaume, fondée sur la hiérarchie, le privilège, la grandeur
apparente.
L’indignation
des dix autres disciples qui s’ensuit (v.24) ne témoigne pas tant d’un souci de
justice que d’une frustration face à une ambition exprimée plus hardiment que
la leur. Jésus en profite alors pour opérer un enseignement fondamental, une
réorientation radicale : « Il n’en sera
pas ainsi parmi vous. »
II. LE MODÈLE DES NATIONS : une image prophétique de
la domination
« Les chefs
des nations les tyrannisent, et les grands les asservissent. » Par cette formule, Jésus désigne un modèle
alternatif : celui des “nations”, c’est-à-dire des gouvernements qui
exercent l’autorité par la contrainte, qui s’imposent par le pouvoir. Dans le
langage prophétique de la Bible, ce terme — les nations — désigne plus
qu’un regroupement ethnique ou géopolitique : il devient un symbole d’un système spirituellement opposé à Dieu,
caractérisé par la domination, l’orgueil, et la recherche de prestige.
Les empires
bibliques — Égypte, Babylone, Rome — sont souvent utilisés comme archétypes
de ce principe. Dans les visions prophétiques de Daniel et de l’Apocalypse,
ils représentent la contrefaçon de l’autorité divine, une autorité qui
s’élève contre Dieu en usurpant Son trône. À titre d’illustration, Nébucadnetsar,
roi de Babylone, dans un excès d’orgueil et d’autorité, défia ainsi ouvertement le Dieu des cieux, croyant que sa
puissance terrestre était absolue : « Et quel est le dieu qui vous délivrera de ma main ?
» (Daniel 3:15). Il incarne ici, très clairement, l’archétype prophétique
du pouvoir qui s’érige contre Dieu.
Aujourd’hui encore, ce modèle se perpétue dans
tout système - politique, économique, religieux - qui privilégie l’efficacité
sur la justice, le contrôle sur la compassion, la renommée sur le service.
III. ISRAËL, L’ÉGLISE ET LE MIMÉTISME DES NATIONS
Israël,
dans son histoire, est tombé dans le piège de cette logique. En 1 Samuel 8, le
peuple réclame un roi « comme les autres nations. » Ce choix initie une longue
dérive, marquée par l’idolâtrie, la violence, la corruption du
pouvoir.
De même, l’Église
post-apostolique, à partir de Constantin, connaît un tournant
décisif : soulagée de la persécution, elle accepte le soutien impérial, puis s’en accommode,
jusqu’à intégrer dans ses structures mêmes les logiques impériales. L’évêque de
Rome devient figure de souveraineté, et l’esprit des nations s’installe au cœur
du peuple de Dieu. Ce glissement n’est pas un accident : il est l’accomplissement
silencieux des avertissements prophétiques.
IV. LA PROPHÉTIE COMME CLÉ DE DISCERNEMENT SPIRITUEL
L’étude
prophétique des nations n’est pas un exercice académique. Elle révèle les
lignes de fracture entre le Royaume de Dieu et les royaumes humains. Elle
nous aide à voir que ce que fut Babylone dans l’Antiquité peut se retrouver
dans nos conseils d’administration, nos assemblées ecclésiales, nos luttes
internes pour les postes. Comme le dit Jacques : « Si vous avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de
rivalité … cette sagesse n’est pas celle qui vient d’en haut, mais elle est
terrestre, charnelle, démoniaque » (Jacques 3:14–16).
C’est là l’esprit des nations, transposé dans l’Église. À travers la prophétie, Dieu nous donne la grille de lecture spirituelle
pour discerner les structures, les dynamiques, les langages qui, bien
que religieux, sont en vérité alignés sur les puissances des ténèbres.
V. LE CRITÈRE DU ROYAUME : LE CHRIST SERVITEUR
Face à ces
modèles dévoyés, Jésus oppose Son propre exemple : « Le Fils de
l’homme est venu, non
pour être servi, mais pour servir » (Matthieu 20:28). Il ne
s’est pas contenté d’enseigner : Il a lavé les pieds de Ses disciples,
Il a porté la croix, Il a abandonné la gloire.
C’est là la norme indépassable du pouvoir dans le Royaume : Non la conquête, mais l’abandon. Non le statut,
mais le sacrifice. La question qui en découle est inévitable : Avons-nous
l’esprit du Maître qui s’agenouille, ou celui des princes des nations qui
cherchent à s’élever ?
CONCLUSION : ENTRE DEUX ROYAUMES, UN CHOIX À FAIRE
Nous ne
sommes pas appelés à édifier l’Église comme on bâtit une entreprise ou un
empire. Nous sommes appelés à marcher à contre-courant, à incarner, dans
nos structures, nos paroles et nos cœurs, la folie de la croix et la sagesse
du Serviteur.
L’étude
prophétique des nations éclaire les pièges du pouvoir et révèle les urgences de
la fidélité.
Elle nous prépare à résister à Babylone, non seulement dehors, mais
aussi en nous.
Prière finale :
Père saint,
garde-nous de l’ambition déguisée en zèle.
Délivre-nous
de l’esprit des nations.
Donne à Ton
peuple des dirigeants qui lavent les pieds, et non des chefs qui réclament des
trônes.
Fais de
nous des sentinelles humbles, fidèles à Ton Royaume, jusqu’au jour où toute
domination terrestre s’effacera devant la gloire du Christ.
Amen.
Bonne journée sous le bienveillant regard de l’Éternel !
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