SE TAIRE OU S’OUVRIR : LE MYSTÈRE DU LIVRE SCELLÉ


SE TAIRE OU S’OUVRIR : 

LE MYSTÈRE DU LIVRE SCELLÉ 


Mercredi 02 avril 2025

Semaine 1 : Quelques principes de prophétie

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : « Toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera » - (Daniel 12:4).


C’est un ordre inhabituel pour un prophète : se taire. Ne pas annoncer, mais attendre. Ne pas tout dire, mais sceller. Pourquoi Dieu, qui se révèle pour sauver, choisirait-il de se taire sur une partie de son message ?

Et nous, aujourd’hui : devons-nous nous taire par humilité face au mystère, ou nous ouvrir à une connaissance que Dieu a rendue progressivement accessible ? Ce dilemme n’est pas seulement celui de Daniel. C’est le nôtre.


1. UNE VÉRITÉ SCELLÉE POUR MIEUX ÊTRE RÉVÉLÉE

Un livre fermé ? Un appel ouvert ?

Il est courant d’entendre, dans les prédications, que Daniel 12:4 ("… et la connaissance augmentera") annonce les avancées fulgurantes de la science, des transports ou de la technologie juste avant l’avènement de Christ. Ce sont là des interprétations possibles, certes. Mais si nous relisions ce passage avec attention ? Que signifie vraiment l’injonction divine de sceller le livre ? Que veut dire cette augmentation de la connaissance ?


Contrairement à l’Apocalypse, que Jean a reçu l’ordre de ne pas scellerEt il me dit : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre. Car le temps est proche » Apo 22:10), Daniel reçoit l’instruction inverse : scelle ces paroles, car ce n’est pas encore le moment. Pourquoi ? Que nous dit ce silence ordonné de Dieu ?


Le propos en question concerne spécifiquement le livre de Daniel lui-même : « tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu'au temps de la fin. » Dès lors, ne pourrait-on envisager que la connaissance destinée à croître au temps de la fin soit précisément celle relative à la compréhension du livre de Daniel ?


2. TOUT SCELLÉ ? PAS VRAIMENT

Le livre de Daniel n’est pas entièrement fermé. Déjà au chapitre 2, la compréhension de la prophétie du rêve de Nebucadnetsar est qualifiée de sûre et digne de confiance : "Le songe est véritable, et son explication est certaine" (Dan 2:45).


Il est manifeste que l’ensemble du livre de Daniel n’était pas voué à être scellé, puisque Jésus lui-même, dans Matthieu 24, fait explicitement appel aux prophéties de ce livre. En invitant ses disciples à les lire et à les comprendre, il atteste qu’au moins une partie du livre était déjà accessible et signifiante pour ses contemporains, notamment en lien avec les événements précédant la destruction de la ville et du second temple de Jérusalem. « Lorsque vous verrez l'abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établie en lieu saint, que celui qui lit comprenne (fasse attention) ! »  (Matthieu 24:15).


Le scellement concerne donc certaines parties. Lorsque Dieu demande à Daniel de sceller le livre (Daniel 8:26 ; Daniel 12:4,9), cela ne signifie pas que tout le livre devait rester incompris. Par exemple, les visions du début, comme celle de la statue (chapitre 2), étaient déjà expliquées et compréhensibles. En revanche, les dernières prophéties, notamment celles contenant des périodes mystérieuses comme les 2300 soirs et matins (Daniel 8:14) ou les 1290 et 1335 jours (Daniel 12:11-12), sont celles que Dieu demande expressément de garder scellées, « car elles concernaient un avenir encore lointain. »


Dans la tradition des lectures historicistes du protestantisme, le scellement des prophéties de Daniel est généralement associé aux périodes prophétiques mentionnées dans les derniers chapitres, soit les chapitres 8 à 12, en particulier la période des 2300 jours (Dan 8:14), qui fut au cœur des prédications de William Miller au XIXe siècle.


Ce sont des visions complexes, qui, même pour Daniel, restaient obscures : « J'entendis, mais je ne compris pas ; et je dis : Mon seigneur, quelle sera l'issue de ces choses ?» (Dan 12:8). Et Dieu ne lui répond pas par une révélation plus claire, mais par une invitation au calme et à la patience : « Va, Daniel, car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu’au temps de la fin » (Dan 12:9).


3. UNE CONNAISSANCE QUI CROÎT HUMBLEMENT

Ainsi, la connaissance qui augmente n’est pas d’abord celle des circuits électroniques ou des fusées. Elle est, avant tout, connaissance spirituelle, compréhension du plan de Dieu révélé dans les prophéties. Une connaissance qui se dévoile progressivement, lorsque les temps sont mûrs, et lorsque les cœurs sont préparés à recevoir ce que Dieu veut dire. Cette progression s’est notamment manifestée après 1798 (date à laquelle le général Berthier, sous Napoléon, captura le pape Pie VI et mit temporairement fin au pouvoir politique des États pontificaux), quand de nombreux chercheurs des Écritures, comme William Miller, se sont plongés dans les prophéties de Daniel avec une grande soif de vérité. Même si certains ont mal interprété les dates, l’élan spirituel et l’approfondissement de la Parole étaient réels. Cela nous rappelle que comprendre partiellement n’est pas trahir Dieu, mais entrer humblement dans un dialogue avec lui.


4. NI ARROGANCE, NI INSOUCIANCE

Il est tentant, parfois, de penser que nous possédons la vérité parce que nous avons accès à certaines clés d’interprétation. Mais ce serait une erreur grave. Le scellement de Daniel nous enseigne l’humilité : Dieu garde le contrôle de ce qu’il révèle et du moment où il le révèle. Si le peuple de Dieu a mal compris la première venue de Jésus, il est possible qu’il manque aussi certains éléments sur la seconde.

Cela ne signifie pas que nous devons vivre dans le doute permanent, mais dans une attitude de veille confiante, nourrie par l’Écriture, mais surtout enracinée dans la personne du Christ. La vérité biblique n’est pas une grille de calcul : elle est une relation vivante avec Celui qui est la Vérité.


5. L’ENJEU VÉRITABLE : vivre comme si « le temps est proche »

L’expression « le temps est proche » ne doit pas toujours se comprendre en termes de chronologie (compter le temps). Comme l’a bien fait remarquer un conférencier contemporain (dont l’argument se fonde sur une traduction culturellement éclairée de la langue d’origine), elle renvoie souvent à une imminence existentielle. Ce que Jésus annonce, c’est que son retour surprendra, parce que les cœurs se seront endormis. L’urgence est donc spirituelle, non technique. Si vous ne vous attendez pas à ce que Jésus vienne maintenant, et qu’il vient, c’est que le moment est proche.


Vivre dans l’attente, c’est vivre avec fidélité, vigilance et confiance, même sans tout comprendre. Le scellement de certaines choses ne signifie pas que Dieu nous laisse dans l’ignorance, mais qu’Il nous appelle à croire, à chercher, à marcher humblement dans la lumière qu’il donne, jour après jour.


CONCLUSION : scellé, mais non inaccessible

Le livre de Daniel n’est pas fermé à clé, il est scellé comme une lettre précieuse que Dieu ouvre à ceux qui le cherchent avec un cœur sincère. Aujourd’hui encore, la vérité est à la portée de ceux qui l’aiment. Mais elle n’est jamais donnée pour être brandie comme une victoire intellectuelle. Elle est offerte pour nous conduire plus profondément dans la dépendance à Dieu.

« Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent ce qui y est écrit ! Car le temps est proche » - (Apocalypse 1:3).


Bonne journée sous l’aile bienveillante de l’Éternel !

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