L'APPEL QUI DÉFAIT BABEL


L'APPEL QUI DÉFAIT BABEL 


Mardi 22 avril 2025

Semaine 4 : Les nations : 1ère partie

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi (Genèse 12:2-3).


1. L’APPEL D’ABRAHAM : L’ALTERNATIVE DIVINE À BABEL

Le dixième chapitre de la Genèse relate l’émergence des premières nations issues de la dispersion de l’humanité. Le mot généralement traduit par « nations » est goyim, qui peut aussi se référer aux Gentils. Genèse 10 déclare que la race humaine s’est divisée en terres, langues, familles, et « nations » (Gen 10:5 ; Apoc 14:6). Presque immédiatement après l’introduction de ce concept, Dieu appelle Abraham hors de l’une de ces nations pour être différent d’elles et de ce qu’elles représentent.


 « Je ferai de toi une grande nation ... et je rendrai ton nom grand » (Gen 12:2). L’appel de Dieu à Abram répond et s’oppose aux desseins des bâtisseurs de Babel. Ainsi, il n’est pas surprenant que l’appel de Dieu à Abram pour partir se produise au pays d’Ur des Chaldéens. Il est en effet frappant que l’ancienne ville sumérienne d’Ur soit située dans la région de la Babylonie, la plus étroitement associée à l’incident de Babel.


Le fait qu’Abram ait reçu l’appel divin alors qu’il résidait dans une région intimement liée à l’héritage de Babel prend tout son sens, tant au regard des réalités historiques et géographiques qu’à la lumière des implications théologiques profondes. Ce départ symbolise non seulement une rupture spatiale avec un monde marqué par la rébellion, mais inaugure également, dans le dessein divin, une nouvelle trajectoire d’obéissance, de foi et d’alliance.


De la voix des prophètes à l’appel apocalyptique, le motif biblique du « sortir de Babylone » traverse toute l’Écriture (Ésaïe 48:20 ; Apocalypse 18:4). Il ne s’agit pas simplement d’une délivrance face à des conditions d’oppression ou d’un retour physique à la terre promise : cet appel marque avant tout une invitation solennelle à renouer avec l’alliance divine. Il désigne un réengagement spirituel, une rupture avec les systèmes d’autosuffisance et de confusion, et une entrée dans une obéissance fidèle au dessein de Dieu.


Les bâtisseurs de Babel voulaient se faire un grand nom et se constituer en une nation universelle unique (Gen. 11:4). Mais c’est Dieu qui rend un nom grand, et c’est uniquement Dieu qui rend une nation particulière grande et unique en contraste avec les autres nations. Il est intéressant de noter que le verbe « faire » est un mot-clé du récit de la création, où il apparaît sept fois, avec Dieu comme sujet (Gen 1:7, 16, 25, 26 ; Gen 2:2 [2x], 3). Le même verbe a été utilisé trois fois pour décrire l’activité des bâtisseurs de Babel (Gen 11:4, 6 [2x]), et l’une d’elles, en particulier, en relation avec leur « nom » (Gen 11:4). Babel se substituait alors au Créateur. L’appel à Abram rétablit les prérogatives de Dieu. Seul Dieu, en tant que Créateur, peut véritablement « faire » ; et seul Dieu peut « faire un nom ». De plus, seul le nom de Dieu est décrit comme « grand » (Josué 7:9).


2. LA BÉNÉDICTION ET LE GOUVERNEMENT D’ABRAHAM : UN PROTOTYPE PROPHÉTIQUE

Genèse 12:1-3 révèle que l’appel d’Abram ne constitue pas une simple mission individuelle, mais inaugure la formation d’une entité collective sous la souveraineté divine. Dieu ne l’envoie pas seulement témoigner, mais déclare explicitement : « Je ferai de toi une grande nation », signifiant par-là l’établissement d’un peuple distinct, porteur d’un gouvernement fondé sur des principes spirituels.


La nature de cette nation repose sur un fondement singulier : la bénédiction ou la malédiction divine accordée en fonction de l’attitude adoptée à l’égard d’Abram. Or, ce dernier n’est ni un dieu ni une fin en soi. Il est, par l’appel de Dieu, établi comme représentant d’un futur peuple lié à l’alliance. Dès lors, celui qui s’ouvre à cette alliance en bénissant Abram entre dans le cercle de la faveur divine, tandis que celui qui le méprise s’en exclut. Dieu agit ainsi, non sur la base du mérite humain, mais en raison de Son engagement souverain envers la lignée qu’Il a choisie.


La dernière phrase de Genèse 12:3 prend alors toute sa portée : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Ce n’est pas en la personne d’Abram lui-même, mais en sa descendance - sa postérité - que cette bénédiction universelle s’accomplira. L’épître aux Galates (3:8) éclaire cette promesse : elle annonce la venue du Messie, en qui toutes les nations recevront la bénédiction du salut. Le groupe prépositionnel « en toi » renvoie donc à la postérité spirituelle d’Abram, identifiée dans la tradition prophétique à celle de Genèse 3:15, et pleinement révélée en Jésus-Christ.


Le mot barakbénir ») est un mot-clé dans l’appel de Dieu à Abram, où il apparaît cinq fois. L’utilisation de ce mot est particulièrement marquante dans le livre de la Genèse, où il apparaît 88 fois (comparativement à 356 fois dans le reste de la Bible hébraïque). Le concept hébreu de « bénédiction » est souvent associé à la perspective de fécondité (Gen 1:21-23). Ainsi, l’appel à Abram renverse l’idéologie de Babel. Contre les bâtisseurs de Babel, qui refusaient de suivre le plan divin de la création de multiplier, la bénédiction d’Abram rétablit les forces de la création et la promesse de l’avenir.


Alors que les bâtisseurs de Babel fondaient leur sécurité uniquement sur eux-mêmes, la bénédiction des nations dépend uniquement de la bénédiction de Dieu sur Abram. En prenant du recul, il apparaît que le gouvernement suscité par l’appel d’Abram offre un modèle spirituel riche d’enseignements. Le texte biblique laisse entrevoir que la bénédiction divine repose sur une orientation fondée sur la reconnaissance de Dieu et l’adhésion à Ses desseins. Puisque la promesse la plus élevée - celle du Messie - s’inscrit dans cette lignée, il en découle que le gouvernement véritablement béni est celui qui s’enracine dans les principes divins, tels que révélés en Jésus-Christ.


3. OBÉIR POUR BRILLER : le peuple de l’alliance comme témoignage prophétique

Deutéronome 4:5–9 rapporte les paroles adressées par le Seigneur aux descendants d’Abraham, devenus l’expression concrète de la promesse faite à leur ancêtre. Ce n’était pas un seul individu qui témoignait dans une communauté ; c’était toute une nation qui, en travaillant ensemble et en coopération avec Dieu, pouvait manifester la gloire de Son caractère. À travers Moïse, Dieu leur rappelle que leur grandeur aux yeux des nations ne réside pas seulement dans la possession des statuts et ordonnances divins, mais dans leur fidélité à les observer. Par leur obéissance collective, ils devaient manifester la sagesse et l’intelligence conférées par l’alliance, devenant ainsi un témoignage vivant au milieu des peuples.


Cependant, aussi merveilleux que soient les vérités données au peuple, leur échec à les vivre, à leur obéir, apporterait des malédictions au lieu de bénédictions, et la mort au lieu de la vie. Paul, dans son épître aux Galates (Gal. 3:1-5), met en garde contre une dérive semblable : les croyants, séduits par une théologie des œuvres, en vinrent à penser qu’ils pouvaient obtenir l’Esprit ou le salut par leurs propres mérites. Une telle posture, bien qu’ancrée dans un contexte différent, reproduit en profondeur l’attitude de Nimrod : s’ériger par soi-même, au lieu de recevoir par grâce ; la logique de Babel - celle d’une autosuffisance spirituelle qui prétend construire sans Dieu ce que Lui seul peut accorder par grâce. Le retour à la loi sans la foi vivante devient alors une nouvelle forme de confusion, une nouvelle forme de Babel.


CONCLUSION - Application prophétique : d’Abraham à l’Église

Comment le même principe, celui de ne pas seulement connaître ces vérités, mais de leur obéir, s’applique-t-il à nous aujourd’hui ?

  • L’appel à quitter Babel est toujours actif : il nous est adressé dans Apocalypse 18:4.
  • L’Église est appelée, comme Israël, à former un peuple gouverné par la Parole de Dieu, et non par l’esprit du monde.
  • La mission de Dieu n’est pas de construire des institutions humaines grandioses, mais de former un peuple fidèle, à travers lequel les nations peuvent être bénies.
  • L’Église, la famille, la communauté, sont appelées à refléter cette lumière.


Bonne journée sous le bienveillant regard de l’Éternel !

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