« J’IRAI » - L’APPEL DE L’ALLIANCE


« J’IRAI » - L’APPEL DE L’ALLIANCE 


Jeudi 17 avril 2025

Semaine 3 : Images du mariage

Thème général : Allusions, images et symboles : Méthodes d’étude de la prophétie biblique.


Texte à méditer : Ils appelèrent Rébecca, et lui dirent : Veux-tu aller avec cet homme ? Elle répondit : J’irai (Genèse 24:58).


Le mariage, signe prophétique de l’alliance

Le récit détaillé de Genèse 24 n’est pas un simple conte matrimonial, mais un manuel céleste pour les alliances approuvées par Dieu. Il s’agit du plus long chapitre du livre de la Genèse, et pourtant, Dieu n’y parle pas directement. Sa présence y est cependant discrètement omniprésente, évoquée à dix-sept reprises, comme pour souligner que dans le domaine du mariage aussi, le silence de Dieu n’est jamais l’absence de Dieu. Dans Genèse 24, Dieu ne parle pas, mais Il agit.


Abraham, devenu vieux, agit dans la conscience aiguë des promesses divines. Confiant à son serviteur Éliézer la mission de trouver une épouse pour son fils Isaac, il établit des principes intangibles et prophétiques, inspirés par une lecture spirituelle de l’histoire. Ce n’est pas tant l’appartenance ethnique que la fidélité spirituelle qui guide son choix ; non pas la culture, mais la vérité. À travers le mariage d’Isaac et Rébecca, c’est toute la dynamique de l’alliance entre Dieu et Son peuple qui se donne à voir, dans ses exigences, sa liberté, sa bénédiction.


Pour les croyants, et en particulier pour l’Église, ce récit constitue une prophétie en action : comme Isaac devait rester en Canaan, terre promise, l’Église doit demeurer dans la vérité biblique, fidèle à son appel, tout en se préparant pour la Canaan céleste. Ce chapitre, saturé de symboles, de silences et d’échos bibliques, présente non seulement un mariage, mais un paradigme de l’alliance divine, une typologie prophétique du lien entre Christ et son Église.


HUIT PRINCIPES SACRÉS POUR UNE ALLIANCE RÉUSSIE

On peut relever huit principes majeurs qui émergent de Genèse 24.


1. Le principe de la communauté de foi (Genèse 24:1-4)

Abraham, conscient du danger spirituel représenté par les Cananéens, insiste pour que l’épouse d’Isaac provienne de sa parenté (mishpacha), non par nationalisme, mais par fidélité au Dieu vivant. Le vrai problème n’est pas la proximité généalogique, mais la dissonance spirituelle. Le mariage avec ceux qui ne partagent pas la foi expose à l’érosion silencieuse de la conviction.  « Ne vous mettez pas sous un joug étranger avec les incroyants » (2 Corinthiens 6:14). Dans une époque de pluralisme, ce principe reste d’actualité. L’éducation chrétienne et les rencontres au sein de la communauté de foi ont pour but de favoriser des unions où la foi est fondement, non compromis.


2. Le principe de la non-rétrocession (Genèse 24:5-6)

« Garde-toi d’y ramener mon fils. » Abraham interdit donc formellement que Isaac retourne en Mésopotamie, là où vit sa famille. Bien que Rébecca soit issue de cette parenté, Isaac, lui, doit demeurer en Canaan, la terre promise par Dieu. Ce refus catégorique est motivé par une logique spirituelle : revenir en arrière, c’est compromettre l’appel divin et risquer de retomber dans un cadre culturel et spirituel contraire au plan de Dieu. L’appel de Dieu est une marche en avant. Toute régression est un danger spirituel. « Souvenez-vous de la femme de Lot » (Luc 17:32). Le peuple de Dieu, comme Isaac, est appelé à demeurer en Canaan, dans la vérité, sans retourner vers le monde, malgré ses attraits.


3. Le principe de la guidance angélique (Genèse 24:7)

Abraham déclare avec foi : « L’Éternel enverra son ange devant toi. » Avant tout engagement humain, il y a un déploiement invisible, une orchestration divine. L’Esprit-Saint, dans la Nouvelle Alliance, est cet ange invisible qui nous conduit dans toute la vérité (Jean 16:13). Toute décision conjugale doit être précédée par la prière fervente et l’attente d’indices providentiellement discernés, comme le fut la scène du puits pour Eliézer.


4. Le principe du travail comme test du caractère (Genèse 24:15-19)

Le serviteur d’Abraham prie pour être guidé. Il demande un signe fondé non sur l’apparence, mais sur le caractère : la capacité à donner à boire, à manifester une générosité spontanée. Ce n’est pas la beauté, mais le cœur qui scelle les alliances durables. Rébecca ne séduit pas par des paroles ou des apparats. Elle se révèle par son service. Le mot hébreu avad (servir) se retrouve dans la vocation même de l’homme face à Dieu. C’est en voyant ses gestes simples, généreux, attentionnés, qu’Éliézer reconnaît la réponse divine. Les études sociologiques confirment que le partage équitable des tâches est un des plus puissants prédicteurs de la stabilité conjugale – juste après la foi commune.


5. Le principe de la délibération familiale (Genèse 24:50-51)

Laban, malgré ses faiblesses connues, est ici un canal providentiel. Il reconnaît : « La chose vient de l’Éternel. » Dieu peut utiliser même des canaux imparfaits pour confirmer sa volonté. L’Église, à travers ses anciens, ses pasteurs et ses parents spirituels, joue un rôle d’accompagnement, non de contrôle, dans les décisions matrimoniales.


6. Le principe du consentement éclairé (Genèse 24:57-58)

Dans un monde patriarcal, Rébecca est consultée. Et elle répond avec force et sobriété : « J’IRAI. » (elek), le même verbe qu’Abraham (Gen 12:4). Elle entre ainsi dans la lignée des croyants qui partent par la foi, sans savoir où ils vont (Hébreux 11:8). Dieu restaure la dignité du choix personnel, même dans les sociétés traditionnelles. Il attend une réponse libre, mature, informée.


7. Le principe de la bénédiction prophétique (Genèse 24:60)

« Ô notre sœur, deviens mère de milliers de millions… » Ce n’est pas une formule creuse, mais une actualisation de l’alliance abrahamique (Gen 15:5). La bénédiction parentale n’est pas une option décorative, mais un acte prophétique, un prolongement verbal de la foi familiale (cf. Nombres 6:24-26).


8. Le principe de l’amour post-engagement (Genèse 24:67)

« Il prit Rébecca… et il l’aima. » L’amour n’est pas le moteur de l’engagement, mais son fruit. Dans le modèle biblique, l’amour est un verbe, un engagement nourri au quotidien. Loin du romantisme éphémère, la Bible enseigne que l’amour vrai naît dans la fidélité, non dans l’impulsion.


Réflexion : Bâtir des autels familiaux

Pour les parents : Avez-vous déjà prié spécifiquement pour le futur conjoint de vos enfants, à la manière d’Éliézer ? Transmettez-vous une vision covenantaire du mariage à travers l’étude familiale de la Bible et des moments de prière communautaire ?

Pour les célibataires : Recherchez-vous d’abord le caractère serviteur, comme celui de Rébecca, plutôt que l’attrait superficiel ? Êtes-vous prêt(e) à répondre à l’appel de Dieu, quitte à quitter votre zone de confort, vos traditions ou vos peurs ?


Conclusion : l’Église, la fiancée en marche

À travers Rébecca, c’est l’Église elle-même qui est figurée : appelée, libre, préparée, bénie, unie dans l’alliance. Et ce récit nous enseigne que la présence divine dans l’histoire est réelle, bien que souvent discrète. Dieu est à l’œuvre dans nos familles, nos choix, nos relations, pourvu que nous lui permettions de nous précéder sur la route.


À l’image d’Abraham envoyant son serviteur, Dieu prend l’initiative de nous chercher. Il vient vers nous, au sein même de notre exil, pour nouer avec nous un lien d’amour. Mais il ne force pas la main. Le récit insiste : « Peut-être que la femme ne voudra pas me suivre… » (Gen 24:5). L’alliance repose sur le consentement. Dieu attend notre réponse. Comme Rébecca, nous avons le dernier mot : « J’irai. » Ce simple mot, prononcé dans la liberté, scelle une relation éternelle. Et nous, entendons-nous la voix qui nous demande : « Veux-tu venir ? »


Par sa réponse confiante, Rébecca se fait écho d’Abraham. Comme lui, elle quitte son pays, sa famille et sa culture. Elle devient, par cette obéissance, une figure prophétique du peuple de Dieu.


Puisse notre cœur répondre aujourd’hui comme

celui de Rébecca : « J’irai. »


Bonne journée sous le bienveillant regard de l’Eternel !

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